Finition
L'eau et le vent font travailler le bois et les parasites abîment le bateau. Aussi, pour qu'une embarcation dure il faut l'entretenir régu¬lièrement.
D'abord, sur la coque finie on enduit ou on badigeonne d'huile de lin chaude puis on recouvre de minium, de peinture antifouling. Ensuite on peint de couleurs vives au-dessus de la ligne de flottaison. C'est ainsi qu'un bateau doit être "nourri".
De plus, les parasites attaquent le bois : les tarets, vers à "tête d'obus" creusent des galeries dans les bois immergés. Mais aussi les coquillages sur la coque freine le bateau, de la mousse aussi adhère : on dit "qu'il lui vient de la barbe". Alors, pour éviter tout cela, l'embarca¬tion doit être carénée régulièrement : nettoyage, réparations et peintures seront effectués. Autrefois on brûlait les bateaux : "on brusquait" avec des fagots de chêne vert, tous les cinq à huit ans pour remettre la carène à nu..
Le Calfatage
Chaque interstice sur un bateau doit être comblé. Sur les bordages on procède au rabotage du joint, c'est-à-dire que l'angle vif est cassé pour recevoir l'étoupe, le chanvre goudronné. On appelle cela "chan- frener". L'étanchéité sera parfaite lorsque le bateau prendra la mer car l'eau gonfle le bois et comprime aussi le joint. Celui-ci sera en plus mastiqué. Autrefois, le calfatage était un métier à part, le calfat se faisant payer au mètre carré.
Pour les bordages, on utilise du coton tandis que pour la râblure, l'étoupe goudronnée est préférée. Sur le genou on fait rouler l'étoupe pour faire tomber les impuretés puis on "cueille l'étoupe" : on fait une boucle qui sera rentrée de force dans le joint, à l'aide des fers et du maillet. Celui-ci est fendu dans le sens de la longueur "pour faire chanter".
Le Bordage
La planche alors assouplie est ensuite ajustée sur les membrures avec des serre-joints. L'opération doit être rapide car le bois sèche en dix minutes. Mais il ne faut surtout pas forcer le bordage car il risque de se fendre ou de casser. Quand la planche aura pris un bon galbe, des retouches seront effectuées au rabot navette.
Le bateau sera posé sur le flan pour recevoir les bordages, pièces longitudinales qui recouvrent les membrures. C'est l'habillage.
A l'aide d'un "liseré" ou "pige", latte de bois souple et longue de treize à dix-huit centimètres, on vérifie "la coupe dynamique" du bateau en le plaquant sur les membrures. On trace sur celles-ci le futur emplacement du bordage. Ensuite on peut "cueillir le bordé".
Le nombre de bordages varie selon la hauteur du bateau. En principe, on commence par la ceinture (préceinte) puis le pavois, ensuite la galbord ., près de la quille, et le ribord qui le juxtapose, ensuite on remonte pour finir par le bordage du milieu : "la clef".
Cette phase est fondamentale car elle permet de prendre l'em¬preinte de la courbure que doivent avoir les bordés pour que les planches soient bien ajustées. Une "fesquille, en charabia italien", est une latte souple pour "cueillir le bordé". On la pose sur les membrures, on "la laisse aller comme elle veut", puis on la cloue. Avec la stayol, plaquée sur l'épaisseur du bordé supérieur, on trace ce repère sur la fresquille puis quelques centimètres plus loin on répète l'opération. Ainsi de suite plusieurs fois. On note la distance entre ces repères et la ligne inférieure du bordé déjà installé. Ensuite, on reporte tous ces points sur une planche de bois brut avec la stayol. On obtient ainsi la largeur du futur bordage et sa courbe, exactes. Cette manoeuvre sera faite pour chaque bordé.
L'étuvage
Bateau est prêt à être bordé.
Une fois le bordage découpé, il faut lui donner sa courbure : le ceintrer. Pour cela, on l'étuve à la vapeur d'eau pour l'assouplir. On laisse le bordage au moins une demi-heure dans l'étuve. Mais, cela dépend de l'épaisseur du bois. Sous cette boîte en tôle galvanisée pleine d'eau, on fait du feu avec des copeaux. Autrefois, on "chauffait par terre sur les copeaux et la sciure" et on mettait des poids à l'avant et à l'arrière de la planche pour la plier. On arrosait d'eau : "c'est pour ramollir le nerf du bois".
Construction
Equilibrage
Il est nécessaire d'équilibrer le bateau. Pour cela, on prend un grand compas dont les extrémités s'encastrent symétriquement dans des creux prévus dans les membrures. Le fil à plomb suspendu au compas doit alors descendre au centre de la quille marquée au préalable. Si ce n'est pas d'aplomb, on met une "poutrelle, un bout de bois", calée sur le sol pour soutenir les membrures pour que tout soit de niveau.
Installation
L'épine dorsale travaillée sur l'établi est ensuite posée sur le "chantier". En s'aidant du fil à plomb, maintes opérations seront menées
pour installer correctement le bateau. D'abord, on cloue des tassots sur la poutre du chantier et sur la quille. Ensuite, on maintient l'étrave et l'étambot avec des planches souples clouées à la charpente du hangar.
Ainsi maintenue, l'épine dorsale ne jouera plus, étant de niveau. Ensuite on posait une croix en haut de l'étrave qui restait en place tout le temps de la construction. Elle était faite de deux bouts de bois cloués, récupérés dans les chutes. On la faisait bénir parfois. La croix n'est pas bénie, mais la date du jour est gravée.
 
Rablure
L'assemblage réalisé, il faut procéder à une saignée sur les deux faces de l'épine dorsale, dans le sens longitudinal. Dans celle-ci, es bordés s'encastreront. Cette saignée appelée râblure est travaillée au ciseau à bois et au marteau. Elle sera par la suite élargie et comblée avec de l'étoupe.
Trait de Jupiter
C'est l'unique endroit, dans un bateau, chevillé en bois. Cette cheville est appelée "clef". Cet assemblage de lignes brisées serait-il censé représenter les rayons, la foudre que brandit Jupiter ? Ce Dieu des Dieux signifiant la puissance. Peut-on parler de simple figuration ou symboliquement cette appellation concède-t-elle à cette pièce la puissance pour affronter la mer ?
Préparation des étambots. C'est la pièce verticale située à l'arrière du bateau qui portera le gouvernail et dans laquelle sera placée l'hélice du moteur.
Une autre pièce est la quille sur laquelle s'emboîteront les couples, les membrures. Elle est souvent faite en deux parties, parfois plus.
La quille, l'étrave (avant du bateau) et l'étambot sont assemblés par le "trait de Jupiter" grâce à une cheville conique.
Traçage et découpe
Pas de plans d'architecte pour la conception d'un bateau. Celle-ci s'élabore avec une méthode spécifique ancienne, très codifiée. Le principe du gabarit est de servir de modèle pour façonner certaines pièces. Il est ainsi dénommé car saint Joseph, charpentier de maison, est devenu le patron de tous les charpentiers.
Le gabarit sert à fabriquer les membrures et surtout à concevoir les formes générales du bateau. Ainsi, à partir de ce gabarit du maître- couple (membrure du centre), on obtient les formes des autres membrures. Celles-ci seront ensuite tracées et taillées dans la masse. Le maître- couple est la membrure la plus large car la forme du bateau est plus effilée à l'avant et à l'arrière. Ce gabarit qui porte des repères est posé sur une planche puis à l'aide d'une stayol (morceau de bois plat et long), on trace les foints qui serviront à donner les courbures des autres membrures. Pour cela on le tourne et on l'oriente dans différents sens car il ne représente que la demi-membrure. Elles sont formées de plusieurs morceaux assemblés, le tout venant se poser sur la quille. La varangue, prolongée par un genou ou allonge, structure la membrure. Varanques et allonges sont rivetées par un clou en cuivre.
 
Les membrures sont alors directement tracées et taillées dans la masse. C'était l'habitude dans le bassin méditerranéen.
Les membrures ou couples, pièces de charpente, seront clouées à la quille donnant au bateau une allure de squelette.
Le Bois
Le bois utilisé est l’objet de tous les soins des charpentiers.Pour les membrures, ils utilisent l’ormeau, le chêne, le frêne, le mûrier et l’acacia; pour le bordage le pin d’Alep qui depuis 1780 a entrepris la colonisation des massifs calcaires varois, le pin parasol et le pin sylvestre.
Ce n’est qu’à une date plus récente que les charpentiers de marine auront recours au mélèze, rare dans le Haut-Var, mais particulièrement abondant dans les Alpes de Haute-Provence.
La quille, seule pièce à avoir une forme géométrique simple est constituée en une seule pièce est construite en chêne.
Elle reçoit une semelle réalisée dans un bois plus tendre.
Les arbres sont abattus en période hivernale impérativement à « lune vieille ».
Pour la fabrication des tolets et des bittes d’amarrage, les charpentiers de marine ont recours au bois d’arbousier, de cade ou de bruyère réputés pour leur dureté.
Aujourd’hui ils emploient toujours le chêne, mais utilisent très largement les bois exotiques.
Traditionnellement, les charpentiers allaient eux-mêmes reconnaître les arbres, sur pied, en forêt. Aujourd'hui, on fait appel aux scieries. Juste un coup d'oeil suffisait pour apprécier la forme, pour en tirer profit :. Plus les bois seront tordus et feront des cercles, plus ils seront appréciés. Le bois tors est le meilleur des bois car il est très résistant et ne fait pas de pertes, alors que pour les bois droits, si on ne le prend pas dans le fil, il casse.
Le séchage est un aspect fondamental pour assurer une bonne étanchéité à l'embarcation car un bois trop vert aura tendance à se serrer et à se fendre, mais aussi à travailler : il se rétrécira.
La durée est très longue: le chêne sèche d'un centimètre par an. Aussi, il nécessitera trois ans de séchage à l'air libre.
L'idéal est de faire sécher dehors à la pluie et aux autres intem¬péries tant que le bois n'est pas sec à vingt pour cent, puis de le rentrer à l'abri, à l'ombre, sinon il se fendille et pourrit. Les planches sont entassées avec un tassot intermédiaire. Certaines planches sont installées dehors, tandis que d'autres sont dans les hangars. Une autre méthode est l'immersion dans l'eau salée ou douce pour avoir un meilleur bois. Déjà au bout de quatre à cinq jours, il n'y a plus d'eau à l'intérieur. Ainsi "il dure davantage, il est mieux soigné, mieux nourri". L'eau absorbe la sève, le tanin et l'humidité de l'arbre. De plus "les bois qui ont passé quelques temps dans l'eau sont beaucoup moins sujets à être piqués des vers. Dans les arsenaux de Toulon on laissait les bois immergés durant plusieurs années. Car, les bois normalement attaqués par les insectes, les champi¬gnons et les vers, lorsqu'on les immerge, la sève disparaît, alors ils ne subissent plus d'altérations.
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