Le Bois
Le bois utilisé est l’objet de tous les soins des charpentiers.Pour les membrures, ils utilisent l’ormeau, le chêne, le frêne, le mûrier et l’acacia; pour le bordage le pin d’Alep qui depuis 1780 a entrepris la colonisation des massifs calcaires varois, le pin parasol et le pin sylvestre.
Ce n’est qu’à une date plus récente que les charpentiers de marine auront recours au mélèze, rare dans le Haut-Var, mais particulièrement abondant dans les Alpes de Haute-Provence.
La quille, seule pièce à avoir une forme géométrique simple est constituée en une seule pièce est construite en chêne.
Elle reçoit une semelle réalisée dans un bois plus tendre.
Les arbres sont abattus en période hivernale impérativement à « lune vieille ».
Pour la fabrication des tolets et des bittes d’amarrage, les charpentiers de marine ont recours au bois d’arbousier, de cade ou de bruyère réputés pour leur dureté.
Aujourd’hui ils emploient toujours le chêne, mais utilisent très largement les bois exotiques.
Traditionnellement, les charpentiers allaient eux-mêmes reconnaître les arbres, sur pied, en forêt. Aujourd'hui, on fait appel aux scieries. Juste un coup d'oeil suffisait pour apprécier la forme, pour en tirer profit :. Plus les bois seront tordus et feront des cercles, plus ils seront appréciés. Le bois tors est le meilleur des bois car il est très résistant et ne fait pas de pertes, alors que pour les bois droits, si on ne le prend pas dans le fil, il casse.
Le séchage est un aspect fondamental pour assurer une bonne étanchéité à l'embarcation car un bois trop vert aura tendance à se serrer et à se fendre, mais aussi à travailler : il se rétrécira.
La durée est très longue: le chêne sèche d'un centimètre par an. Aussi, il nécessitera trois ans de séchage à l'air libre.
L'idéal est de faire sécher dehors à la pluie et aux autres intem¬péries tant que le bois n'est pas sec à vingt pour cent, puis de le rentrer à l'abri, à l'ombre, sinon il se fendille et pourrit. Les planches sont entassées avec un tassot intermédiaire. Certaines planches sont installées dehors, tandis que d'autres sont dans les hangars. Une autre méthode est l'immersion dans l'eau salée ou douce pour avoir un meilleur bois. Déjà au bout de quatre à cinq jours, il n'y a plus d'eau à l'intérieur. Ainsi "il dure davantage, il est mieux soigné, mieux nourri". L'eau absorbe la sève, le tanin et l'humidité de l'arbre. De plus "les bois qui ont passé quelques temps dans l'eau sont beaucoup moins sujets à être piqués des vers. Dans les arsenaux de Toulon on laissait les bois immergés durant plusieurs années. Car, les bois normalement attaqués par les insectes, les champi¬gnons et les vers, lorsqu'on les immerge, la sève disparaît, alors ils ne subissent plus d'altérations.