Bateaux à voile latine et avirons aux formes galbées et aux couleurs vives, les pointus participent à l’animation des ports varois et drainent toujours une foule de curieux ou d’estivants. Aujourd'hui bateaux de légende, ils sont devenus des pièces rarissimes dans leur état d'origine. Les matériaux composites, les techniques modernes de la pêche ont bien failli avoir raison d’eux. Amateurs de vieux gréements et plaisanciers tentent de les remettre à l’honneur.
Venus du fond des âges, les pointus attestent de la science des charpentiers de marine qui leur donnèrent forme et des équipages qui les armèrent (Provençaux, Liguriens, Napolitains ou Catalans).
Bateaux de peine, riches d’une fabuleuse histoire, ils ont apporté leur pain quotidien à des générations de pêcheurs. Aujourd’hui perdus dans le flot anonyme des coques de plastique, ils ne veulent pas mourir.
Ils doivent leur originalité à leurs formes galbées qui n’ont guère été modifiées depuis l’Antiquité. Ils appartiennent à la même veine que les galères, les tartanes, les chebecs, les felouques, le gourse de Toulon, la gourse de Nice dérivée du gozzo italien (barque Tyrrhénienne), la sétoise, la bette, la barque catalane, les barques d'Afrique du Nord, de Malte, de Grèce, les felouques génoises, et les barques du lac Léman.
Les pointus (synonyme de « Rafiaus) devraient leur nom à leurs formes effilées à leurs deux extrémités qui leur aurait été donné au début du XIXe siècle par des officiers de marine toulonnais séduits par ces bateaux construits à francs bords sur membrures sciées. (Sans doute par opposition aux embarcations de l’État dont la poupe était carrée).
Les pointus, qui dans leurs grandes lignes se reconnaissent dans tous les ports de Méditerranée occidentale, présentent pourtant des touches locales, souvent singulières.
Les bateaux généralement employés sur les côtes de Provence sont des bateaux portant un seul mât avec une voile latine et un foc. Le pointu est une famille de barques de pêche traditionnelles de la mer Méditerranée. Le nom de pointu est utilisé dans le Var et les Alpes-Maritimes, la tradition locale à Marseille lui préférant le nom de barquette ou de bette.
La poupe (arrière) est pointue alors que la proue (avant) se termine par une extrémité d'étrave caractéristique, le « capian », et peut être prolongée par un éperon ou « mourre de pouar » (museau de cochon en provençal). À Marseille on parle d'abord de barquette marseillaise.
Les pointus se caractérisent d'abord par une voile latine, puis par les fameux moteurs Baudouin, à commencer par le Y1 monocylindre de 5 cv en 1921.
Les bateaux employés par les pêcheurs et les bateliers de Toulon étaient des bateaux dits à éperon. Les bateliers de la rade ont trouvé plus commode pour ce service spécial de supprimer l’éperon tout en conservant à Favant la fargue relevée et pointue de ces bateaux. C’est ainsi que l’on voit des bateaux du type à éperon sans éperon.
Le bateau Toulonnais (genre catalan et relativement court) mesure de 4 m. 50 à 6 m. 50 de longueur et sa largeur varie entre 0,37 et 0,42 de sa longueur et le creux est de 0,35 à 0,40 de la largeur. Ces bateaux portent des fargues. L’étrave et l’étambot sont recourbés en dedans et le capian se prolonge d’environ 0 m. 50 à 0 m. 60 au-dessus du plat bord.